Colmar Richelieu Rueil

L’Alsace et la France

La convoitise française sur l’Alsace s’est manifestée dès le XIVe siècle par des incursions de mercenaires et des pillages organisés, tel celui de 1444 à l’initiative de Louis XI.

Mais c’est surtout au XVIIe siècle que le royaume de France intervient en Alsace.
Il rencontre alors une région demeurée fermée à l’influence française (contrairement à la Lorraine) et très morcelée dans son organisation : les seigneurs allemands restent maîtres sur leurs terres, sur un mode quasi féodal ; les villes impériales se gèrent selon leurs propres règles ; dix d’entre elles se sont constituées en ligue dès 1354, mais cette Décapole est plus une alliance militaire et économique qu’une union politique. En outre, plusieurs courants de la Réforme protestante s’y sont progressivement implantés au cours du siècle précédent.
Ces conflits de nature religieuse offrent à la France – celle de Louis XIII et de Richelieu – l’occasion de mettre en oeuvre sa politique d’expansion vers l’Est.
Les rivalités nées en Bohème se sont étendues dans tout le Saint Empire Germanique et ont atteint l’Alsace, frappée à partir de 1628 par les rigueurs de l’empereur germanique Ferdinand II, bras armé de la réforme catholique.
L’intervention du roi de Danemark puis du roi de Suède Gustave-Adolphe pour soutenir les protestants, ensuite celle de la France, vont enflammer l’Europe pour longtemps et particulièrement les provinces frontalières.

Les bourgeois protestants de Colmar, par exemple, profitent de l’arrivée attendue des Suédois, vainqueurs de Ferdinand II à Nordlingen (1631), pour restaurer leur culte et regagner leur ancienne prépondérance au sein de la cité. Cette situation fait de Colmar une alliée des Suédois et lui évite un affrontement militaire.

Lorsque les troupes impériales, victorieuses cette fois à Nordlingen (1634), obligent les Suédois à quitter l’Alsace, Colmar, comme d’autres cités protestantes, se retrouve en difficulté et se tourne vers la France, alliée de la Suède.

La Ville de Colmar entame alors une négociation pour rechercher la protection du roi de France certes catholique mais d’un état tolérant la religion réformée depuis l’Edit de Nantes. Elle délègue un député à la cour de France.

 

La Ville Impériale de Colmar - Originaux aux Archives Municipales de Colmar – Copies au Musée Historique de Rueil
La Ville Impériale de Colmar - Originaux aux Archives Municipales de Colmar – Copies au Musée Historique de Rueil

Richelieu au Val de Ruel

Richelieu au Val de Ruel Façade sur jardins du château de Rueil - Gravure d’Israël SILVESTRE, dessinateur et graveur lorrain (1621-1691). Richelieu y signe début 1635 les lettres patentes fondant l’Académie Française. La Paix de Ruel mettant fin à la Fronde y fut signée en 1649.

Il se trouve que le cardinal de Richelieu, ministre en charge de la diplomatie royale, a acquis deux ans plus tôt un château dans le bourg de Rueil (Ruel à l’époque), choix pratique pour lui sur le trajet entre les résidences royales du Louvre et de Saint-Germain-en-Laye où il avait à se rendre régulièrement.

Le Traité de Ruel

Le premier d’aoust 1635, au château du Val de Ruel, le sieur L. BOUTHILLIER, conseiller du Roi, Secrétaire d’Etat de Louis XIII et le sieur Jean-Henry MOGG, représentant Colmar, signent le Traité dit de Rueil.
Dans l’attente d’un traité de paix générale avec les autres puissances qui inclura la situation particulière de Colmar, les 12 articles du document évoquent l’alliance d’Heilbron ratifiée à Francfort en 1633 et précisent les obligations des parties concernant la justice, la sécurité, la vie des garnisons et la pratique des cultes, catholique et protestant…
Ceci stipulé, le roi prend la cité de Colmar sous sa protection et lui garantit ses privilèges, ses libertés et ses droits.
Le souverain français ratifiera le document deux jours plus tard à Chantilly.

Colmar est la seule ville alsacienne ayant obtenu du roi la garantie d’un tel traité…

Traité de RUEL - Jean-Henry MOGG. Originaux aux Archives Municipales de Colmar – Copies au Musée Historique de Rueil
Traité de RUEL - Jean-Henry MOGG. Originaux aux Archives Municipales de Colmar – Copies au Musée Historique de Rueil

Garantie bien utile pendant cette longue et désastreuse Guerre de Trente Ans quand on sait que les passages des armées suédoises, impériales, espagnoles mais aussi françaises, en Alsace comme en Lorraine, ont ajouté leurs pillages aux ravages des famines et des épidémies de peste qui ont sévi dans ces pays !

Les Misères de la Guerre : le pillage et l’incendie d’un village - Eau-forte de Jacques CALLOT, dessinateur et graveur lorrain (1592-1635).
Les Misères de la Guerre : le pillage et l’incendie d’un village - Eau-forte de Jacques CALLOT, dessinateur et graveur lorrain (1592-1635).

On connaît la suite :

1645

Cette fois, à Nordlingen encore, ce sont les Français qui chassent les Impériaux du pays et Richelieu peut alors se rendre maître du nord de l’Alsace.

1648

Le traité de Westphalie confirme la suprématie du royaume de France sur les Habsbourg d’Autriche qui lui cèdent le sud de l’Alsace, la République de Mulhouse exceptée qui garde son statut de ville indépendante et connaîtra une croissance industrielle précoce.

1678

Le traité de Nimègue met fin à la Décapole, étendant encore la souveraineté française.

1681

La ville libre de Strasbourg, assiégée par les troupes royales doit se rendre. L’Alsace gouvernée par un intendant à Strasbourg et un conseil souverain à Colmar jouit d’une relative autonomie.

1697

Au traité de Ryswick, après des interventions militaires et des tractations avec les autres cités alsaciennes, la province est pratiquement unifiée.

Un demi-siècle aura suffi à la France pour prendre le contrôle de l’Alsace mais la perte de ce territoire n’est pas définitivement admise : 1871…

Colmar et Rueil se souviennent

Septembre 1935

A l’occasion du tricentenaire du traité , la Ville de Colmar baptise une de ses petites artères : Rue de Rueil.

2 avril 1967

La municipalité de Rueil inaugure et baptise Avenue de Colmar le tronçon communal de la route mise en service en 1962, la N90 maintenant reclassée D991.

Marcel POURTOUT, maire de Rueil, évoque le traité de 1635 mentionné au bas de la plaque en présence de Jacques BAUMEL, alors Conseiller Général des Hauts-de- Seine et de Joseph REY, maire de Colmar, venu pour la circonstance avec une délégation officielle de sa ville et des habitants en costume régional.

Inauguration de l'Avenue de Colmar à Rueil en avril 1967. De gauche à droite : Joseph REY, Maire de Colmar Jacques BAUMEL, Conseiller Général des Hauts-de-Seine - Marcel POURTOUT, Maire de Rueil-Malmaison et de droite à gauche : André MANTOIS, 1er Maire-Adjoint de Rueil-Malmaison - Marcel NOUTARY, Maire-Adjoint de Rueil-Malmaison. Cette plaque, déposée à l’occasion de travaux ultérieurs, n’a pas été retrouvée.

Des danseurs en costume alsacien apportent à cette manifestation officielle une note folklorique fort appréciée de l’assistance, particulièrement des Rueillois nés en Alsace, spécialement invités pour la circonstance.
Plusieurs d’entre eux pensent aussitôt à une Amicale des Alsaciens de Rueil, une idée qui cheminera pendant une quinzaine d’années avant de se concrétiser.

1982

le projet de réunir dans une association les Rueillois originaires de l’Alsace et de la Moselle prend forme.

La formulation Amicale des Alsaciens et Lorrains de Rueil est finalement retenue lors de sa création en novembre.

Le 6 décembre, la première fête de Saint-Nicolas organisée par les membres fondateurs de l’Amicale inaugure la représentation alsacienne et lorraine à Rueil.

Fermer le menu